Du savoir-faire UQAC dans la bouteille!

Août 2017

Diplômé au baccalauréat en administration et étudiant à la maîtrise en gestion des organisations de l’UQAC, Jean-Philippe Bouchard lance officiellement le premier produit la distillerie du Fjord; le Km12, un gin unique aux arômes inspirés des richesses de la forêt boréale.

Cette première bouteille, sur laquelle il travaille avec son père et son frère depuis 2 ans, est maintenant disponible en succursales de la SAQ et fait déjà beaucoup parler.

Pour vous, diplômés et amateurs de spiritueux, nous sommes allés visiter la distillerie artisanale de Jean-Philippe Bouchard, située au pied des Monts-Valin, pour rencontrer ce jeune diplômé.

Jean-Philippe, merci de nous recevoir dans votre distillerie. La légère odeur d’épices et de sapin que l’on peut encore sentir ici ne ment pas, ces derniers mois ont dû être assez épuisants, autant pour toi que pour tes alambics !

Effectivement ! Lorsque tu démarres une entreprise, particulièrement une distillerie, tu ne dois pas compter les heures. Beaucoup de travail, mais quand c’est la passion qui te motive, on ne compte pas les heures! 4 800 bouteilles, c’est ce que nous avons livré à la SAQ dans les dernières semaines et nous en sommes très fiers.

Pour l’odeur qui est restée imprégnée dans le bâtiment, on l’a doit à notre gin, le Km12. On s’est inspiré de notre environnement pour développer notre premier produit. Les épices boréales sont cueillies à la main dans l’environnement même de la distillerie et l’eau, c’est au kilomètre 12 du chemin des monts qu’on va la chercher parce qu’elle est d’une pureté incroyable !

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Avoir ton gin sur les tablettes de la SAQ est l’aboutissement de plusieurs mois de travail. Je suis curieux de connaître d’où l’idée vous est venue d’ouvrir une distillerie artisanale, mais aussi de connaître tout le chemin qui a été fait pour en arriver là !

À la base, on est des « tripeux » !  Mon frère et moi on a toujours aimé ça faire ce genre de projet et en plus, on est des fans de gin. Un jour, je tombe sur une vieille boîte d’équipements de chimie et je lui lance : «Ben ! On se fait du gin !»

On est parti avec cette idée et on a commencé à s’amuser dans cet univers-là. Notre père nous voyait aller et un jour il nous a raconté une partie de l’histoire familiale qui était tenue secrète. Nous étions la 5e génération de la famille à s’intéresser à la distillation et il nous a sorti la vieille « casserole » de notre arrière-grand-père.

J’ai réalisé le plan d’affaires de l’entreprise dans le cadre de mon cours en entrepreneuriat à la maitrise en gestion des organisations et j’ai pu peaufiner la planification du projet dans un contexte académique. Nous sommes d’ailleurs encore très proches du centre d’entrepreneuriat de l’UQAC qui nous supporte beaucoup dans la réalisation du projet.

En mars 2016, nous sommes allés, mon père, mon frère et moi, à Kelowna, en Colombie-Britannique pour suivre une formation de maître-distillateur. Nous avons ensuite commencé les démarches de permis de distillerie auprès de la Régie des Alcools des courses et des jeux (RACJ). Nous avons officiellement reçu notre permis au mois de novembre qui suivait. Nous avons pris l’hiver pour finaliser notre produit et nous voilà maintenant, plusieurs mois plus tard, sur les tablettes de la société d’État.

Dans toute cette aventure, tu t’es entouré de plusieurs personnes autant de ta famille que de professionnels pour t’épauler. Comme il n’y avait aucune distillerie dans la région avant votre arrivée, est-ce que les ressources ont été difficiles à trouver ?

Tu mets le doigt sur un excellent point ! Nous avons dû apprendre sur le tas comme on dit. Nous avions reçu une bonne formation, mais nous avions surtout une équipe solide. Mon frère est chimiste, mon père est ingénieur et j’ai un peu l’âme entrepreneuriale.

Nous nous sommes ensuite entourés de différents professionnels pour plusieurs aspects de l’entreprise comme un designer graphique et une comptable par exemple. Il y a également de nombreux organismes de développement économique comme la MRC et la Table agroalimentaire qui nous supportent. C’est important de bien s’entourer en affaires. Seul, il serait impossible de pouvoir y arriver.

Nous avons également travaillé avec Fabien Girard, un biologiste spécialiste des herbes boréales pour l’élaboration de la recette et il se trouve que Fabien aussi est diplômé de l’UQAC, en biologie.

Dernièrement, nous avons engagé notre premier employé. Il s’agit d’un des étudiants de la première cohorte de l’AEC en technique de production brassicole au cégep de Jonquière. Nous sommes très heureux de pouvoir compter sur lui pour nous aider au niveau de la production.

Je ne pourrais pas passer sous silence l’accueil chaleureux de la municipalité de St-David-de-Falardeau. C’était très important pour nous de nous implanter ici dans la région puisque nous sommes proches de nos ressources, mais aussi parce que plusieurs personnes et organismes ont à cœur le développement local.

Je crois que pour se lancer en affaires, il suffit d’avoir un peu d’audace, une bonne planification, une bonne lecture du marché et finalement une bonne équipe. C’est selon moi l’équation idéale pour un bon projet d’affaires et nous avons réussi à réunir tout cela ici dans notre patelin.

C’est donc un produit utilisant le meilleur de nos ressources régionales, autant pour les ingrédients que pour les savoir-faire. J’ai appris que le Km12 a non seulement été récompensé au gala de l’industrie agroalimentaire Saguenay Lac-Saint-Jean avec un coup de cœur unanime du jury, mais vous avez aussi eu une belle surprise en remportant la médaille d’or parmi 256 gins de partout dans le monde lors du San Francisco World Spirits Competition. J’arrive à peine à m’imaginer l’euphorie qui doit accompagner une telle nouvelle, vous attendiez-vous à avoir autant de succès ?

C’était une surprise au-delà de nos attentes ! J’étais à San Francisco pendant le week-end de la compétition. J’avais pris des vacances avec ma blonde et nous nous étions organisés pour être sur place pendant le concours. Le plus drôle c’est qu’il s’agit d’un évènement privé. Nous avions contacté l’organisation pour pouvoir y assister, mais malheureusement c’était impossible. Je suis rentré à la maison le dimanche et le lundi matin, je m’installe devant Salut Bonjour avec un café et je reçois un courriel disant : « Congratulations ! Gin Boreal Km12 received a gold medal ! »

C’est comme la cerise sur le sundae! Les gens de notre entourage nous le disaient, « Ah maudit qu’il est bon votre gin ! » Mais de parfaits inconnus, des gens qui ne doivent même pas savoir c’est où le Saguenay Lac-Saint-Jean, qui remette une médaille d’or à ton produit. C’est le summum de la satisfaction. C’est avec un produit de calibre international qu’on va maintenant essayer de faire notre place sur les tablettes et ce, à travers les produits des multinationales ! C’est un solide coup de pouce et nous en sommes très heureux.

Quelques semaines plus tard, les résultats devenaient publics. Nous avons alors vu avec qui nous étions en compétition.

On s’est fait un « High Five » parce que lors du dévoilement des résultats, la distillerie ou nous avions fait notre formation avait gagné une médaille d’argent ! C’est un sentiment de satisfaction indescriptible !

Chaque bouteille porte donc fièrement un médaillon de la compétition de couleur or pour nous rappeler que notre produit, il est très bon et ce n’est pas seulement nous qui le disons.

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Maintenant que la commande est livrée à la SAQ et que les concours sont passés, qu’est-ce que l’avenir réserve à la Distillerie du Fjord ?

On vient de mettre le bébé au monde ! Nous en sommes à peaufiner l’ensemble de notre chaine de production pour pouvoir répondre à la demande. Nous allons mettre en place notre plan marketing afin de nous faire connaître à la grandeur de la province. C’est maintenant que le plaisir commence !

Nous n’avons toutefois pas arrêté le processus de recherche et développement. Nous travaillons actuellement sur des prototypes notamment eaux-de-vie, liqueurs et d’autres recettes de gin. Mes chums me demandent de faire du rhum ! On va voir ce que l’avenir nous réserve.

À compter du printemps 2018 nous pourrons normalement accueillir les gens à la distillerie. Nous allons donc nous assurer d’offrir une expérience à la hauteur des attentes. Nous commençons déjà nos discussions avec nos partenaires pour faire quelque chose qui vaudra le détour.

L’exportation est également quelque chose que nous avons hâte d’essayer. Mon rêve est d’envoyer un jour une palette de notre gin boréal Km12 à destination du Japon et, je l’espère, partir avec la commande.

Je fais donc un toast à la santé de la Distillerie du Fjord! Merci Jean-Philippe de nous avoir fait connaître ton histoire et nous vous souhaitons la meilleure des chances pour la suite ! Pour terminer, fidèle à la tradition, j’aimerais connaître un de tes plus beaux souvenirs de tes années à l’UQAC.

Je répondrai rapidement les frites épicées de la Cafétéria Haha ! Plus sérieusement, mes deux années derrière le BarUqac ont été mémorables. Je me suis fait de nombreux amis et j’ai sincèrement profité au maximum de mes années au Baccalauréat. Aujourd’hui étudiant à la maîtrise, j’apprécie beaucoup m’entretenir avec les professeurs puisque je peux maintenant appliquer des concepts théoriques à ma réalité d’entrepreneur et partager sur mes défis quotidiens. I Je suppose qu’on s’assagit avec le temps. 😉

J’ajouterais que ma relation avec le CEE-UQAC est également très précieuse. En 2010, j’ai ouvert un Bar à St-Gédéon au Lac-Saint-Jean. Le CEE-UQAC m’avait donné un bon coup de main. Aujourd’hui encore, j’entretiens une relation étroite avec cette équipe puisqu’ils sont un partenaire important pour nous avec la distillerie.

Je suis très fier d’être un diplômé de l’Université du Québec À Chicoutimi. Maintenant, quand nous irons à la SAQ, un peu partout au Québec, nous verrons sur les tablettes un produit fièrement distillé ici au Saguenay Lac-Saint-Jean.

Texte et photos de Samuel Taillon

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